Les serveurs NAS (Synology, QNAP) et les serveurs professionnels (Dell, HP) sont devenus indispensables pour héberger nos nombreuses données, qu’il s’agisse de sauvegardes personnelles ou de systèmes d’information en entreprise. Un simple bruit suspect ou un message d’erreur à surveiller peut indiquer une panne imminente et engendrer un risque de perte de fichiers critiques. Anticiper ces signaux permet de limiter les dommages et de sécuriser ses documents. Être capable de reconnaître les principaux symptômes d’un dysfonctionnement à venir peut vous aider à éviter les pertes de données, de même que les bonnes pratiques de maintenance et de prévention.
Les alertes SMART et les erreurs disques
L’importance de la surveillance via SMART
Les données SMART (Self-Monitoring, Analysis and Reporting Technology) constituent la première ligne de défense. Sur un NAS Synology, ces informations sont visibles via Storage Manager ; sur un QNAP, l’interface Storage & Snapshots effectue un suivi similaire. Ces modules analysent en temps réel l’état du disque dur ou du SSD pour détecter toute anomalie. Un statut SMART « BAD » ou une alerte critique lance un signal fort : un composant matériel pourrait flancher prochainement.
Les administrateurs avancés utilisent parfois smartctl (sous Linux ou via un package tiers), un outil qui interroge directement les données SMART et produit un rapport détaillé. Les statistiques collectées (nombre de secteurs réalloués, températures moyennes, taux d’erreurs de lecture) sont des indicateurs précieux pour juger de la fiabilité d’un disque.
Les messages d’erreur à surveiller
Lorsqu’un disque présente des valeurs inquiétantes, certains champs SMART prennent des proportions inhabituelles : « Reallocated Sectors Count », « UDMA CRC Error Count » ou « Current Pending Sector ». Un secteur réalloué signifie que le disque a rencontré des difficultés pour lire ou écrire correctement une portion du support, et qu’il a dû déplacer ces données. Cette situation n’est pas forcément critique dès les premiers secteurs, mais la progression rapide de tels événements annonce une panne.
Des tests rapides ou étendus, effectués chaque semaine, identifient ces problèmes avant qu’ils ne dégénèrent. Sur Synology, l’interface propose un onglet « Health Info » où le système peut lancer et planifier ces vérifications. Sur QNAP, le Storage & Snapshots propose également un test SMART périodique. La moindre erreur critique incite à exécuter une sauvegarde et à planifier le remplacement du disque si nécessaire.
Les alertes logicielles et indicateurs SMART les plus fréquents :
- Avertissements dans l’interface d’administration :
- États « Crashed » ou « Failed » pour un disque dans le Gestionnaire de stockage (Synology)
- Notifications par email configurées pour les erreurs critiques.
- Attributs SMART critiques :
- Raw Read Error Rate > 0 (erreurs de lecture, généralement signe de problème de tête de lecture ou de surface)
- Reallocated Sectors Count ≥ 1 (secteurs défectueux réalloués à la suite à d’une erreur de lecture, d’écritureou de vérification d’un secteur.)
- Power-On Hours élevées (indicateur d’usure indiquant le nombre d’heures de fonctionnement des disques)
RAID et faux sentiment de sécurité
Un NAS, un serveur HP ou un serveur Dell peuvent être configurés en RAID 5, 6 ou 10. Cette redondance réduit le risque immédiat de perte de données, car un disque défaillant peut être retiré et remplacé à chaud. Toutefois, ignorer les alertes SMART parce que le système « tourne toujours » reste un piège. Une seconde défaillance simultanée ou presque simultanée entraîne fréquemment des scénarios de corruption irréversible.
Réagir promptement, c’est maximiser les chances de préserver l’intégrité des informations de vos serveurs RAID et d’éviter des opérations de récupération onéreuses. Il est important de noter que la reconstruction d’un RAID peut impacter les performances du système. De plus, la mise en place d’un disque « hot spare » permet de minimiser les temps d’indisponibilité en cas de panne.
Les signes spécifiques aux configurations RAID
- État « dégradé » du pool RAID : avertissement visuel dans l’interface (ex. : Synology DSM) avec recommandation de remplacement immédiat.
- Bip sonore : signal acoustique émis par le NAS en cas de panne disque.
Bruits suspects et lenteurs anormales
Signes acoustiques à ne pas négliger
Le fonctionnement habituel d’un disque dur se manifeste par un léger ronronnement. Les sons produits lors des opérations de lecture/écriture restent généralement discrets. En revanche, un cliquetis répétitif, un grincement ou un claquement plus fort doivent alerter l’utilisateur. Les têtes de lecture/écriture peuvent être endommagées, ou le moteur du plateau peut être en passe de lâcher. Ce problème se manifeste parfois après plusieurs années d’usage, ou à la suite d’un choc physique.
Les bruits suspects augmentent souvent sous contrainte élevée. Lors d’une copie massive de données ou d’une synchronisation RAID, un disque surchargé émettra des sons plus prononcés si ses composants internes sont usés. La surchauffe (température approchant ou dépassant 50–55 °C) exacerbe ce phénomène.
Baisse des performances et temps d’accès rallongés
Les ralentissements constituent un autre indicateur. Un NAS Synology peut soudain peiner à ouvrir un dossier partagé, un QNAP peut voir son débit de transfert chuter sous 50 Mo/s, ou un serveur HP ou Dell peut déclencher des alertes iDRAC/iLO à propos d’opérations plus lentes que prévu. La latence augmente, rendant l’accès aux fichiers inconfortable. Dans une configuration RAID, il peut arriver que le contrôleur consacre beaucoup de ressources à la reconstruction ou à la correction d’erreurs, au détriment de la fluidité globale.
Un test périodique via l’interface ou un outil de monitoring externe (comme un utilitaire de benchmark) permet de mesurer les vitesses de lecture/écriture. Une baisse constante de performance par rapport aux données initiales (consignées par exemple lors de l’installation du système) révèle un phénomène de détérioration des disques.
Identifier et isoler le disque problématique
Lorsqu’un comportement lent affecte l’ensemble du NAS ou du serveur, il est utile d’analyser les journaux d’événements. Sur un Synology, la rubrique « Log Center » affiche les alertes et les détails concernant le stockage. Sur un QNAP, les journaux d’activité précisent également l’état des volumes RAID. En cas d’erreur récurrente sur un même disque (ID), il est prudent de l’échanger contre un modèle neuf.
Certains administrateurs recourent à un boîtier USB externe pour examiner un disque en dehors du serveur. L’exécution d’un logiciel de diagnostic (Smart Disk Checke (SDC), CrystalDiskInfo, smartctl, etc.) confirme la présence de secteurs défectueux. Cette manœuvre requiert un soin particulier : toute manipulation hasardeuse peut aggraver la panne.
Problèmes réseau et erreurs systèmes
Instabilité du système et logs d’erreur
Un NAS ou un serveur peut rencontrer des pannes qui ne proviennent pas directement du disque. Le système de fichiers (EXT4, BTRFS, ou ZFS dans certains cas) peut se corrompre. Le choix du système de fichiers est particulièrement important : ZFS est surtout recommandé pour son intégrité des données grâce au checksumming et à la correction automatique d’erreurs. BTRFS offre également des fonctionnalités de détection et de correction d’erreurs. Synology signale parfois « Disk unmounted unexpectedly » si le volume se démonte sans prévenir. Sur QNAP, des messages de corruption BTRFS apparaissent lorsqu’un problème touche la structure interne du volume.
Des applications comme Plex, Docker ou des services de virtualisation (Virtualization Station sur QNAP, Virtual Machine Manager sur Synology) peuvent planter à répétition, suggérant une corruption logicielle ou un souci plus profond au niveau du disque. Les journaux système (log center, journaux d’événements Windows ou syslog sur Linux) demeurent une mine d’informations pour comprendre l’origine des plantages. Il est important de surveiller les performances des applications de virtualisation et de conteneurisation pour s’assurer qu’elles ne sont pas à l’origine des problèmes.
Connectivité ralentie ou interrompue
Des problèmes de réseau peuvent masquer une défaillance matérielle. Un ping qui échoue, des transferts limités à 10–15 Mo/s sur un lien Gigabit, ou des pertes de paquets en interne suggèrent soit une carte réseau défectueuse, soit un souci de configuration VLAN, voire un incident d’alimentation. Dans un serveur Dell ou HP, des messages comme « SEL Full » indiquent que la mémoire de logs est saturée, souvent parce que les erreurs s’enchaînent. La surveillance à distance via SNMP ou des outils dédiés peut aider à détecter ces problèmes avant qu’ils ne deviennent critiques.
L’utilisation d’un onduleur adapté, un monitoring SNMP ou l’examen des événements dans la console iDRAC (Dell) ou iLO (HP) permettent de détecter rapidement les défaillances. Une carte RAID partiellement endommagée peut perturber l’ensemble du serveur, affectant aussi la connectivité et la stabilité globale.
Que faire en prévention ?
La sécurité des données est un enjeu constant. Plusieurs mesures renforcent la résilience d’un serveur NAS, que ce soit chez un particulier, dans une PME ou au sein d’une grande entreprise.
1) Mettre en place des sauvegardes régulières
Aucune stratégie de protection n’est complète sans une sauvegarde. Les fabricants de NAS comme Synology (avec Hyper Backup) et QNAP (avec HBS 3) proposent des outils intégrés pour automatiser la réplication des données.
La méthode 3-2-1 est largement recommandée : trois copies de vos données, sur deux supports différents, dont un à distance. Cette approche limite l’impact d’un sinistre local ou d’une défaillance multiple.
Si ces solutions facilitent la planification automatique et la réplication sur un site distant ou dans le cloud. Il convient d’évaluer la fréquence et les volumes critiques afin de s’assurer que la sauvegarde couvre tous les fichiers essentiels.
La fréquence de sauvegarde dépend de la criticité des informations : un système d’e-commerce actif demandera des backups quotidiens, voire plus fréquents. Une famille sauvegardant essentiellement des photos préférera un rythme hebdomadaire ou mensuel. L’important est de toujours avoir une copie récente, idéalement stockée hors site ou sur le cloud.
2) Programmer une maintenance préventive
Les disques mécaniques ou les SSD, même robustes, s’usent avec le temps. Une vérification périodique via des tests SMART programmés (chaque semaine ou chaque mois) anticipe les problèmes. Il existe différents types de tests SMART, courts et longs, ces derniers étant plus approfondis. Les mises à jour du firmware et de l’OS du NAS (DSM sur Synology, QTS/QuTS Hero sur QNAP) corrigent des bugs susceptibles de causer des corruptions de volumes et améliorent la stabilité.
Il est utile de consulter les journaux système afin de détecter des erreurs récurrentes, des montées en température ou des alertes de voltage. Le nettoyage physique de la baie (en aspirant la poussière des ventilateurs entre autre) et la vérification des câbles ou des connecteurs sont de bonnes pratiques pour préserver la performance et la durée de vie du matériel.
3) Surveiller l’environnement matériel
La température dans la pièce où se trouve le NAS a un impact non négligeable. Un local surchauffé fragilise les disques et peut provoquer des coupures. Les chocs mécaniques (ex.: un NAS posé sur un bureau susceptible de vibrations) aggravent aussi les risques de panne. Dans les environnements professionnels, des capteurs permettent de suivre en temps réel la température et l’humidité, associés à une ventilation adéquate, ils assurent des conditions optimales.
Protéger le serveur ou le NAS avec un onduleur (UPS) prévient les interruptions brutales liées aux coupures de courant. Les pics de tension abîment en effet les alimentations et contribuent à la corruption du système de fichiers si la machine s’éteint de manière inopinée.
4) Réagir dès la moindre alerte
Un message d’erreur à surveiller, un bruit anormal ou un ralentissement marqué exigent une réaction immédiate. Dans un contexte professionnel, il est préférable de planifier un court arrêt du service pour remplacer un disque ou examiner le volume RAID, plutôt que de subir une panne catastrophique plus tard.
En cas de doute, sécuriser les données prioritaires et contacter un spécialiste de la récupération peut faire gagner un temps précieux. Ces spécialistes prennent le relais en cas de défaillance avérée. Recoveo dispose d’une cellule d’urgence 24/7 capable d’intervenir sur les plus grandes marques de NAS ou de serveurs ( Synology, QNAP, Dell, HP…)
Nos conseils avisés
La surveillance régulière d’un NAS ou d’un serveur, qu’il s’agisse de Synology, QNAP, Dell, HP ou tout autre modèle, s’appuie sur plusieurs signaux : alertes SMART, bruits mécaniques, ralentissements et erreurs systèmes. Un diagnostic de routine et des sauvegardes solides forment le meilleur rempart contre les pannes. Les défaillances soudaines se manifestent souvent après l’apparition d’indices discrets, d’où l’intérêt de réagir dès les premiers doutes.
Les équipes de Recoveo proposent un savoir-faire éprouvé, que ce soit pour la récupération de données RAID, l’analyse de disques endommagés ou l’accompagnement dans une stratégie de reconstruction des données perdues. En cas d’incident, un diagnostic rapide et une transparence sur les opérations permettent de restaurer la continuité de service et la sérénité.
La FAQ de Recoveo
FAQ sur la surveillance et prévention des pannes sur NAS et serveurs
Soyez attentif aux bruits anormaux (cliquetis, grincements), aux ralentissements des performances, et aux alertes SMART dans l’interface d’administration.
SMART (Self-Monitoring, Analysis and Reporting Technology) est un système intégré aux disques durs et SSD qui surveille leur état en temps réel. Consultez les données SMART via l’interface de votre NAS ou serveur pour détecter les problèmes potentiels.
Surveillez attentivement les valeurs de « Reallocated Sectors Count », « UDMA CRC Error Count » et « Current Pending Sector ». Une augmentation rapide de ces valeurs peut indiquer une panne imminente.
Les cliquetis, grincements ou claquements sont souvent le signe d’une défaillance mécanique. Sauvegardez vos données immédiatement et planifiez le remplacement du disque.
Les ralentissements peuvent être causés par une dégradation des disques, des erreurs de lecture/écriture, ou une reconstruction RAID. Analysez les journaux d’événements pour identifier la source du problème.
ZFS est recommandé pour son intégrité des données (checksumming et correction d’erreurs). BTRFS offre également des fonctionnalités de détection et de correction d’erreurs.
Utilisez des outils comme SNMP ou des solutions dédiées (Nagios, Zabbix) pour recevoir des alertes en temps réel et surveiller les performances à distance.
La fréquence dépend de la criticité des données. Un système d’e-commerce actif nécessitera des sauvegardes quotidiennes, tandis qu’une sauvegarde familiale peut être hebdomadaire ou mensuelle.